Légendes des Vazimba : de mystérieux ancêtres malgaches

Le sujet des Vazimba est l’un des plus fascinants et complexes de Madagascar. Il se situe à la frontière floue entre l’histoire archéologique, la mythologie et la spiritualité vivante. Pour les malgaches, ils ne sont pas seulement un peuple du passé, mais une force présente.

Qui étaient les Vazimba malgaches ?

Dans l’imaginaire collectif et la tradition orale, les Vazimba sont décrits comme les premiers habitants de Madagascar. Selon la mythologie, ce sont des êtres de petite taille, au teint sombre, avec des visages allongés et de grands yeux. Les récits décrivent les Vazimba comme : 

• vivant dans les marais, les forêts ou les hautes terres 
• pratiquant la riziculture primitive, la cueillette et la chasse 
• utilisant des outils simples en bois et en pierre 
• organisés en petites communautés à la hiérarchie peu rigide

On dit que les grottes de calcaire des Tsingy de Bemaraha ou encore les collines sacrées leur ont servi d’abri. 

Origines possibles des Vazimba

Plusieurs théories circulent quant à l’origine des Vazimba : 

– Hypothèse austronésienne ancienne : ils seraient les premiers migrants austronésiens, arrivés entre le 5ᵉ et le 8ᵉ siècle. Ils auraient vécu pour l’essentiel dans les zones humides et forestières, avant l’arrivée d’autres vagues austronésiennes et africaines. 

– Hypothèse proto-africaine ou africaine orientale : certains chercheurs ont proposé que les Vazimba pourraient représenter des groupes africains plus anciens, installés avant la grande migration austronésienne. Cette hypothèse manque de preuves archéologiques concrètes. 

– Une population composite devenue mythique : Il est aussi probable que Vazimba ait désigné divers groupes humains marginaux, forestiers ou montagnards, qui ont ensuite été mythisés dans la tradition royale merina.

Rôle des Vazimba dans l’histoire des royaumes malgaches

L’histoire des Hautes Terres centrales (Imerina) est celle du remplacement progressif des Vazimba par les nouveaux arrivants. Les Hova, ancêtres de la caste roturière et noble des Merina.

– L’assimilation dynastique : contrairement à l’idée d’un simple génocide, il y a eu des mariages mixtes. Les célèbres reines Rangita et Rafohy (vers le XVIe siècle) sont considérées comme des Vazimba. Elles sont les ancêtres directes des grands rois Merina. Cela signifie que le sang royal de Madagascar contient du sang Vazimba.

– La guerre technologique : le tournant a eu lieu avec le roi Andriamanelo. La tradition raconte qu’il a vaincu les Vazimba parce que ces derniers utilisaient des armes en argile ou en roseaux, tandis que les Hova avaient maîtrisé la forge du fer.

– La fuite : vaincus, beaucoup de Vazimba auraient fui vers l’Ouest de l’île (région du Menabe), où certains pensent que leurs descendants se sont mélangés aux populations locales ou sont devenus les ancêtres des Mikea (chasseurs-cueilleurs de la forêt épineuse).

Croyances et spiritualité relatives aux Vazimba

Les Vazimba occupent un rôle central dans la culture et la spiritualité malgache traditionnelle :

– Lieux sacrés : certains sites naturels comme la montagne sacrée du massif de l’Ankaratra ou tombeaux anciens sont considérés comme des lieux habités par l’esprit des Vazimba.

– Fady (Tabous) : il est très dangereux de profaner un tombeau Vazimba. Souvent, il est fady d’y apporter du porc ou de l’ail. On dit que l’esprit Vazimba est susceptible et peut rendre malade ou porter malheur à celui qui lui manque de respect.

– Doany : de nombreux lieux de culte (Doany) où l’on vient demander des bénédictions (tso-drano) sont en réalité des sites liés à d’anciens rois ou entités Vazimba.

Les Vazimba existent-ils encore aujourd’hui ?

Les Vazimba n’existent plus en tant que peuple distinct, ayant été absorbés par d’autres groupes au fil du temps. Mais ils continuent d’exister dans la culture malgache sous forme de mythes, de légendes et de croyances spirituelles.

Ces ancêtres malgaches restent difficiles à étudier scientifiquement car :

– Il existe très peu de traces archéologiques clairement attribuées aux Vazimba.

– La plupart des informations proviennent de traditions orales, réinterprétées par les dynasties malgaches.

– Les récits ont parfois servi des objectifs politiques (justification de conquêtes, légitimation royale).

Ainsi, les Vazimba sont probablement un mélange de réalité historique et de construction mythologique.

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