Les 12 collines sacrées de l’Imerina
Imbosalama ou le roi Andrianampoinimerina entreprit une conquête pour régner sur la totalité du royaume de l’Imerina au XVIIème siècle. Pour atteindre son objectif, il insurgea les royaumes sur les collines stratégiques d’Imerina et y plaça une épouse sur chaque colline pour maintenir l’unité de son Royaume. En ces temps, l’adultère et la polygamie étaient accepté dans la société. Des pratiques qui seront abolies au temps de Ranavalona II.
En réalité, il y a plus de 12 collines sur l’étendu du territoire de l’Imerina et Andrianampoinimerina avait plus de 12 femmes et concubines. Cependant, le nombre 12 est sacré dans la cosmologie Merina. C’est la raison pour laquelle les transmetteurs des traditions orales ainsi que les astrologues locaux ont débattu et se sont convenus qu’il y a 12 collines qui ont été revendiquées comme “sacrées” par le roi Andrianampoinimerina lui-même.
Toutefois, le choix de l’identité des collines est sujet de controverse jusqu’à présent. C’est pourquoi, les sites ci-après sont considérés sacrées, du fait de leur passé et des faits qui s’y sont déroulés, mais surtout, des personnalités publiques et spirituelles qui y ont vécu.
Sur chaque colline que nous allons parcourir, Andrianampoinimerina érigea des palais et qui sont des vestiges, témoins du temps de la royauté à Madagascar. Alors, après vous!
La colline sacrée d’Alasora
La colline sacrée d’Alasora se situe dans le Sud-Est d’Antananarivo, près de la rivière Ikopa. Alasora, parmi les plus anciens villages du royaume Merina, fut le premier capital monarchique de l’Imerina. Il fut fondé par les monarques Vazimba Rafohy et sa fille Rangita mère du premier roi Merina Andriamanelo en XVIème siècle.
La colline et ses environs possèdent encore des vestiges du temps de la royauté tels que: le “Hady” ou “hadivory” une barrière creuse protégeant la ville et le “Vavahady” qui faisait office de porte entrée dans le site royal.
Sur le site, on observe le tombeau d’une des femmes d’Andrianampoinimerina appelée Ramanantenasoa qui reste visible près de l’ancienne place royale, le “Kianja”.
Le tombeau construit pour Andriamanelo, y est également honoré selon la tradition Malagasy avec des offrandes et le rituel du sacrifice du zébu à certaines périodes de l’année, ajoute une touche de culte à ce site sacré.
La colline sacrée d’Ambohitrabiby
Au Nord d’Antananarivo, à environ vingt kilomètres, se trouve la colline sacrée d’Ambohitrabiby. C’est là que reposent les tombeaux royaux de Ralambo, qui régna entre 1575-1610, ainsi que de son grand-père Rabiby, un célèbre astrologue de son temps, qui donna son nom au village.
Ralambo fut le roi qui, au XVIème siècle, a appris aux malagasy à manger du zébu et à les sacrifier. Il officialisa également la célébration du Nouvel an Malagasy et, en son temps, instaura les premiers impôts véritables sur les hauts plateaux.
La tombe de Ralambo se présente comme un simple amas de pierres, à côté du « kianja », une place rectangulaire où le palais ou Rova s’élevait jadis. Ralambo fut un monarque visionnaire et créa la hiérarchie des quatre castes nobles des Andriana.
La colline sacrée d’Ambohidratrimo
La colline sacrée d’Ambohidratrimo se situe à 17 kilomètres au Nord-Ouest d’Antananarivo au bord de la RN4. Elle fut le lieu fort du roi Ratrimo. Un monarque qui ne sera conquis par Andrianampoinimerina qu’après plus tentatives d’attaque.
Sur cette colline, Andrianampoinimerina y épousa Rambolamasoandro, la mère de Radama Ier (le successeur du trône. Cette colline escarpée est également marquée par les vestiges des anciens fossés royaux. Les tombes royales, formant un ensemble de pierres dressées, préservent l’héritage des anciennes demeures merina. La croyance locale prétend que c’est un lieu sacré pour les femmes cherchant la bénédiction d’avoir un enfant.
La colline sacrée d’Ambohimanga
Un site phare de l’histoire de la royauté Malagasy, situé à environ 24 km au nord-est de la capitale Antananarivo. La colline bleue a été renommée Ambohimanga par le roi Andritsimitoviaminandriana en raison de sa végétation dense et la beauté de la forêt qui s’y trouve au XVIIème siècle.
Devenue la capitale monarchique de l’Imerina sous le règne d’Andriamasinavalona.
C’est à Ambohimanga qu’a vu le jour le grand souverain Andrianampoinimerina, dans le village d’Ikaloy, qui y installe sa capitale monarchique également.
Sous son règne, il a entrepris un projet ambitieux pour unifier le pays, déclarant que les mers étaient ses frontières ou « Ny ranomasina no valamparihiko ».
Depuis 2001, le site historique du Rova d’Ambohimanga est protégé par l’UNESCO et classé patrimoine mondial.
La colline sacrée d’Analamanga
La colline sacrée d’Analamanga se situe à Antananarivo. Antananarivo ou la ville des milles fut créé par le roi Andrianjaka au XVIIè siècle qui y installa les grandes œuvres d’aménagement et les principaux travaux hydrauliques qui irriguent les rizières de la ville.
Analamanga aussi appelée « Forêt Bleue », abrite le Rova d’Antananarivo, ou encore le Rova de Manjakamiandana qui a été érigé au coeur de la future capitale monarchique de l’Imerina à 1430m d’altitude, par Andrianampoinimerina. Il servait de lieu militaire stratégique et bénéficiait d’une installation d’une garnison de mille soldats.
Le palais de la reine y sera construit plus tard pas loin de ce palais. Et on y constate les tombeaux du Roi Radama Ier et de Radama II.
La colline sacrée d’Antsahadinta
Dans le Sud-Ouest d’Antananarivo, la colline sacrée d’Antsahadinta dévoile son mystère en tant qu’un site nécropole fascinant. En effet, il abrite trois tombeaux historiques ainsi que les vestiges d’un village en bois conservant l’architecture bien conservée des temps royaux.
Le premier tombeau abrite Rabodozafimanjaka, une des douze épouses du roi Andrianampoinimerina, victime d’accusations injustes et de torture. Le deuxième tombeau appartient à Andrianamboatsimarofy, un roi d’Antananarivo défait par Andrianampoinimerina et exilé à Fenoarivo avant de reposer à Antsahadinta. Le troisième tombeau abrite les restes du courageux général Ratsimihara, ajoutant une touche d’héroïsme à cet endroit.
Le site abrite également le premier école publique construit par le missionnaire James Cameron au temps de Radama Ier.
La colline sacrée d’Ilafy
La colline sacrée d’Ilafy, à seulement 10 kilomètres au nord d’Antananarivo, renferme la triste histoire du Roi Radama II et la naissance de l’industrie à Madagascar. Appelé originellement Ambohitrakanga ou « la colline des pintades” Ilafy fut renommé par Andrianjafy.
Selon la tradition orale, Radama II y a été victime de trahison. Radama II a été enterré au sommet de la colline en 1863. Certains historiens suggèrent qu’un inconnu avait pris sa place.
Sous Radama Ier, Ilafy fut également le lieu de naissance de la première industrie de Madagascar en 1832, créée par Jean Laborde et sous sa supervision, avant que celui-ci poursuive son aventure à Mantasoa en 1837 pour d’importants développements. On y fabriquait des fusils de chasse qui servaient aux soldats malagasy.
La colline sacrée d’Ambohimalaza
C’est sur la colline sacrée d’Ambohimalaza que le Roi Ralambo a marqué les mémoires de la tradition malagasy en érigeant une pierre sculptée pour célébrer le tout premier sacrifice du bœuf. Cet événement du XVIème siècle a marqué la première dégustation de la viande de bœuf par le peuple Malagasy.
À une distance de 15 km à l’est d’Antananarivo, dans le district d’Antananarivo Avaradrano, se trouve ce lieu sacré. C’est aussi l’endroit où les premières « Tranomanara », ou maisons froides, ont été érigées sous le règne d’Andriantopokoindrindra. Abritant les tombes de sa mère, de ses épouses et de son fils.
La colline d’Ampandrana
Se situant au sud d’Antananarivo, la colline d’Ampandrana est considérée comme le berceau sacré de la royauté Hova ou les hommes libres (la classe plus importante, démographiquement, de la subdivision du peuple des Merina). C’est ici que reposent les premiers rois Hova, leurs tombes devenant un lieu de pèlerinage. Au pied de la colline sacrée d’Ampandrana, les pierres qui forment la porte du village d’Ambohimasimbola restent visibles.
La colline sacrée d’Antongona
À seulement 5 kilomètres au nord du village d’Imerintsiatosika, le site sacré d’Antongona offre des paysages spectaculaires et des rizières sculptées en terrasses. Cette colline sacrée fut jadis le lieu du village fortifié d’Amborano au XVIIème siècle.
Les deux cases royales et le tombeau au sommet suivent le modèle de ceux qui sont construits par Andrianampoinimerina à Ambohimanga. Un petit musée, ouvert tous les jours sauf le mardi, offre une plongée dans l’histoire.
La montée dure environ une heure et demie depuis le village. En effet, Antongona propose un terrain idéal pour une randonnée.
La colline sacrée d’Ambohimanambola
Au Sud-Est d’Antananarivo, se trouve la colline sacrée d’Ambohimanambola, dont le nom évoque un trésor et une possession d’argent.
Autrefois, ce lieu abritait l’idole royale Kelimalaza, une figure vénérée par Andrianampoinimerina. Kelimalaza, symbolisée par deux morceaux de bois en forme de V, était conservée dans un coffret précieux avec de l’argent et des bijoux. En 1869, Kelimalaza fut détruite sur ordre de Ranavalona II.
La colline était entourée de tabous interdisant chevaux, porcs, chèvres, fusils et Européens et conserve encore, jusqu’à aujourd’hui, le tombeau d’Andriananintany, chef d’état-major du grand Roi Andrianampoinimerina, ajoutant à son riche héritage historique.
La colline sacrée d’Ikaloy ou Kaloy
Ikaloy, une colline nichée entre deux ou trois villages accessibles après une demi-heure de marche minimum à partir d’Ambohimanga. Elle peut être atteinte depuis la commune de Talatavolonondry, située à une vingtaine de kilomètres, au nord de la capitale, sur la RN3.
Le voyage vers Ikaloy nécessite de traverser 18 km de chemin de terre, alternant entre montées et descentes. C’est une aventure praticable en tout-terrain ou à pied, selon votre préférence. Ce lieu magique est le berceau du roi Andrianampoinimerina, et ses vestiges historiques.
Voilà une brève survol des 12 collines qui ont marqué les origines et les traditions de la royauté Merina. Mais qu’en est-il de la tradition et des pratiques des rites Merina actuellement ?
Rituels et Traditions Actuelles pratiqués sur ces collines sacrées
De nos jours, ces collines continuent d’être le théâtre de célébrations pendant le nouvel an Malagasy ou le Alahamadibe. C’est un temps où les descendants de la lignée royale et les astrologues locaux, bien que peu nombreux, se rassemblent pour faire revivre les anciens rites et prélever de la terre près des sépultures, considérée comme un porte-bonheur.
Ces poussières considérées comme “sacrées” sont partagées lors des rituels, apportant espoir et guérison pour les pratiquants et conservateurs de la tradition.